Premier cours

[A déplacer si le sujet n'est pas bien placé Wink

La marquise a dit rendez vous dans la bibliothèque, j'obéis.]

Louis entra dans la bibliothèque, en avance, ne voulant point arriver en retard pour ce qui allait être son premier cours avec la marquise. Il ne savait pas ce qu'elle lui apprendrait ce jour, mais il était impatient. Depuis son arrivée à L'Epine, il avait passé le plus clair de son temps à s'adapter à ce qui était sa nouvelle demeure pour les années à venir. Louis alla s'asseoir, espérant que les souci de santé de la marquise seraient résolus depuis la veille au soir. Ainsi installé, il répéta dans sa tête la demande qu'il allait devoir faire à la dame de maison, les yeux fixés sur la fenêtre et par delà les carreaux, vers la plaine du domaine qui s'étendait à perte de vue, un peu rêveur, Louis se perdit, comme souvent, dans ses pensées. Et, depuis plusieurs jours, les mêmes images revenaient inlassablement dans son esprit, les mêmes visages, celui de sa soeur, en particulier, qu'il n'avait pu voir que très peu lors de sa visite à Paris. Elle était l'une des raisons qui le poussait à faire une demande à la marquise, et il espérait la revoir bientôt.

La Marquise avait mandé missive au jeune Louis Raphaël afin qu'il la retrouve en ce jour dans la bibliothèque ou se trouvaient de précieux manuscrits ou autres reliures nécessaires à l'apprentissage du jeune homme...

Elle avait prit soin de préparer minutieusement un choix de lecture adapter à la situation concernant les connaissances acquises et celles qu'il n'avait encore pu qu'aperçevoir...

C'est alors, les bras chargés de ces notes, manuscrits et autres, qu'elle entra dans la pièce après que l'un de ses valets ait bien voulu lui en ouvrir les lourdes portes...

Elle entra, silencieusement, et voyant que Louis était déjà là, près de la fenêtre, semblant avoir un air songeur... Elle se rapprocha du pupitre, y déposa tout ce qui venait à la charger, puis restant droie, l'air malgré tout souriant, elle observa Louis quelques instants tout en se demandant par quoi elle allait pouvoir commencer... Et se mit à le saluer...

Bonjour Louis Raphaël, je vois que vous avez en terme d'éducation, le sens de la ponctualité. En tout cas je vous félicite, vous n'êtes guère en retard et nous allons donc pouvoir commencer à nous mettre à l'oeuvre.

Avant tout, comment allez-vous ?

Elle se tut et vint alors près de lui... Lui tendant la main afin de voir si la première leçon de la veille avait été marquante au point voulu...

Louis restait les yeux fixant l'horizon lorsqu'il entendit la porte s'ouvrir. Entra alors la maîtresse de maison. Il se leva et inclina la tête. Elle semblait en meilleure forme que la veille, ce qui rassurait profondément le garçon. Lorsqu'elle se fut approché et qu'elle lui tendit la main, il la prit délicatement, et baissa le visage jusqu'à elle, prenant son temps pour ne pas commettre d'impair, et s'arrêta bien avant que ses lèvres ne touchent la main. Il redrassa alors le visage, levant les yeux vers la marquise, et lâcha sa main.

Il prit une profonde inspiration, et répondit lentement, pour les mêmes raisons :

"- Très bien, ma dame la marquise, je me porte fort bien, merci. Et vous même ? Vous portez-vous depuis hier soir ?"

Louis se sentit un peu bête d'avoir dit celà, ça ne le concernait nullement et il pouvait gêner la dame de maison. Il se jura mais un peu tard qu'on ne l'y prendrait plus. Il baissa donc les yeux, attendant la réponse.

Elle était déjà très fière de lui... Sa manière était très élégante, le port et le geste était précis, il avait tout d'un futur "grand"...

Elle le laissa alors terminé la protocolaire salutation qui se voulait fréquente à la Cour du Roy puis l'écouta alors gardant son sourire voulant le mettre toujours et encore plus en confiance, à l'aise...

Une fois qu'il eut terminé elle prit alors un ton posé et rassurant...

Je vais bien mieux, je vous remercie Louis Raphaël et votre attention me va droit au coeur sachez le. Je reconnais bien en vous, les bribes de ressemblances avec votre père qui au moindre signe, semblait être alerté et souhaitait à tout prix que mon état soit au meilleur de sa forme.

Alors dites moi, avant de commencer le cours, qu'avez vous pu voir dans le Domaine ? Mon époux a t-il pu vous montrer les Ecuries ?

Elle ne semblait point lui tenir rigueur de ce qu'il avait dit, et elle se portait mieux. C'était là bien rassurant. Connaissant l'amitié qui liait la marquise à son père, Louis rougit. Il ne voyait que peu son père, mais le peu de personnes avec qui il avait eut l'occasion de parler, en dehors des gens de Melun, lui en avaient dit du bien. Il n'avait, il est vrai, parlé qu'à des personnes appréciant le vicomte, et il devait bien exister des ennemis quelques part.

Alors qu'elle l'interrogeait à nouveaux, sur ses activités au château depuis son arrivée, il réfléchit quelques instants, et répondit d'une voix douce :

"- Et bien, avec l'hiver et le froid qui règne, je n'ose que peu sortir, d'autant que, ne connaissant pas la région, je ne voudrais pas me perdre. C'est un peu à regret, appréciant beaucoup sortir m'aérer l'esprit dans les jardins du castel de Melun. J'ai pris peu à peu mes repères dans votre demeure. Et, malheureusement, je n'ai put encore croiser messire votre époux depuis le premier soir."

Louis s'arrêta pour souffler un peu. Il s'était laissé aller à exprimer des choses qu'il gardait à l'accoutumé pour lui. Mis en confiance par le sourire de la marquise, il se décida à effectuer sa demande. Il toussota et reprit :

"- A ce propos, je...j'aimerais vous demander une chose. J'aimerais, si celà est possible bien sur, bénéficier dans mes appartements du nécessaire pour écrire. Je voudrais ainsi pouvoir communiquer plus régulièrement avec certaines personnes qui me sont chères et desquelles j'étais trop éloigné, isolé à Melun..."

Louis se tut, et attendit avec grand espoir la réponse, espérant qu'elle soit positive. Il pourrait ainsi envoyer des courriers dans l'intimité de ses appartements, protégeant ainsi son intimité des regards.

La Marquise avait écouté très attentivement le jeune Louis Raphaël... L'observant, le laissant se mettre à son aise dans le discours, elle voulait rester à l'affût du moindre signe, de la moindre hésitation afin de pouvoir y revenir de façon naturelle et spontanée sans qu'il puisse lui-même s'en rendre compte...

Mais au lieu de cela, elle eut une fois de plus, l'agréable sentiment qu'il n'y avait pour l'instant rien de très alarmant dans le comportement de son jeune "élève"...

A sa question finale, elle eut un sourire, et se dit qu'il avait dût avoir un mal fou à pouvoir oser faire sa demande étant donné la roseur s'affichant soudain sur ses pommettes... Elle lui sourit affectueusement, tout en gardant un plus grand respect et lui répondit alors...

Louis Raphaël, il va de soi que tous vos désirs en ces lieux seront assouvis dès lors qu'ils seront de l'ordre du domaine du raisonnable, et quoi de plus raisonnable que de vouloir obtenir de quoi pouvoir vous exercer dans l'art calligraphique pour donner de vos nouvelles à vos proches de façon intimiste et échanger....

Je vous ferais porter toutes ce nécessaire dans vos appartements et je veillerais à ce que vous n'ayez besoin de rien.

Je prends en note une chose également dans vos propos.Vous me parlez du fait de n'avoir encore guère eu l'occasion de visiter les campagnes avoisinantes, je tiens à vous dire que mon époux le Marquis se fera très certainement un plaisir que de vous y conduire afin de vous enseigner le port à cheval, les prémices de la chasse également, mais pour l'heure, j'aimerais que vous vous orientiez vers l'une des grandes bibliothèques ici présentes, que vous y choisissiez un livre de votre choix et que nous nous installions pour pouvoir débuter la lecture à haute voix.