De Nobilitate (de la Noblesse)

Citation :: Tout être humain diffère d'autrui. Il n'y a point deux hommes (ni deux femmes) qui soient identiques en ce monde. Cela est valable autant pour les caractéristiques physiques que morales; certains ont ainsi des qualités plus nombreuses que d'autres, plus prononcées et/ou différentes; c'est un fait que je pose en premier postulat.

D'autre part, dans la société primitive où nous vivons, le meilleur moyen de survivre, le meilleur mode de vie et le plus productif est dans la spécialisation. Chaque être, en se spécialisant dans sa tâche unique exécutera un travail dans lequel il passera maître, mais ne pourra égaler celui d'un autre dans un autre domaine.

Chaque individu, en toute logique, se spécialise donc dans le domaine où il a des qualités, ou alors s'embourbe dans la médiocrité.
Cela dit, dans notre société toujours, un individu se spécialisera dans la cordonnerie, un autre dans la maçonnerie, ainsi qu'un dans chaque activité dont le fruit est nécessaire à notre société. Soi dit en passant; si deux individus venaient à s'employer à la même industrie, selon la même loi sur la différence que j'ai citée tantôt, un des deux individu aura forcément sa qualité plus prononcée que l'autre, et la concurrence fera que ce dernier, faute d'un produit de moindre qualité, devra se reconvertir et exploiter une autre de ses qualités.

Pour en revenir aux tâches nécessaires à la survie et au bon fonctionnement de la communauté, l'une des plus importante est celle de protéger les autres: à une époque où sévit le brigandage et les guerres, il est impératif pour la communauté d'avoir un protecteur. Ce protecteur doit donc être des plus vaillant au combat et savoir manier l'épée aussi bien que le forgeron son marteau et le boulanger son rouleau à pâte, de manière à être apte à occire quiconque s'attaquerait aux paysans et artisans. Cette tâche de protecteur est aussi importante que la plupart des autres par le fait qu'elle répond à un besoin devenu aussi vital que se nourrir, par les temps d'insécurité qui courent.

Pour un fonctionnement optimal de la communauté, celle-ci doit être organisée, et a donc encore besoin d'un autre individu indispensable qui soit apte à la guider lorsqu’elle s’égare ou s’échauffe, à l’organiser avec assurance, à lui donner des réponses, et trancher s’il le faut, à déceler et régler les conflits et à faire régner l'harmonie, la cohérence et la stabilité en son sein. En effet, si tout le monde prône l'organisation et le bon déroulement de la vie, tout le monde n'est pas du même avis en ce qui concerne le moyen d'y parvenir. L'individu organisateur a pour tâche de régler ces conflits avec sagesse, et d’y donner une issue qu'il jugera juste. Cet homme doit donc avoir le respect et l'admiration du reste de la communauté pour son sens du de la sagesse, de la justice, du devoir et de la responsabilité. Il doit également être en mesure d'imposer son jugement par la force dans le cas où une des parties se montrerait récalcitrante et sourde à tout raisonnement.

Ce dernier fait, doublé d'un phénomène qui remonte à la nuit des temps et par lequel l'homme le plus fort et le plus vaillant de la communauté a fort tendance à en devenir son "chef", a pour conséquence que la fonction de "protecteur" vient se joindre à celle d'"organisateur" et de guide.
Ainsi, le noble a deux fonctions; en plus de maîtriser l'art de la guerre, il se doit d'être sage et juste, animé par l'instinct de protéger sa communauté. Son statut se mérite par ces qualités réunies, et lui confère une grande responsabilité qu'il doit honorer, dont il doit s'acquitter avec conscience et sagesse, sans abuser du pouvoir qu'il lui confère. Il doit mériter l'estime de son peuple plutôt que de l'imposer, ce qui ne lui serait pas difficile, et doit encore être un exemple de conduite pour lui: il doit pour cela être pieux, se maîtriser et faire preuve de bonnes manières et de savoir-vivre. La est la véritable noblesse, hélas trop méconnue, tant elle fut entachée par l'abus, la corruption et l'avidité.

Il convient encore de signaler un détail, pour ceux qui s'indignent de voir les pauvres gens "obérés d'impôts": si le boulanger vend son pain et le cordonnier ses souliers, le noble quant à lui ne peut vendre ses vertus. En échange du grand service qu'il rend à ses sujets, il est donc tout-à-fait normal et légitime qu'il prélève des taxes et reçoive une part des récoltes des paysans, pour autant, encore une fois, qu'il soit honorable et ne fasse pas d'abus.