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 Chevalerie et blason ou le principe spirituel du gentilhomme

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Albert de l'Epine
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Albert de l'Epine


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MessageSujet: Chevalerie et blason ou le principe spirituel du gentilhomme   Chevalerie et blason ou le principe spirituel du gentilhomme Icon_minitimeSam 10 Mar - 17:59

Citation :
L’âme de la chevalerie laisse en nos âmes un parfum subtile, délicat et puissant, familier et pourtant mystérieux. C’est que celle-ci plonge au plus profond de nos racines occidentales, en leur mémoire et leur imaginaire, tout en élevant nos cœurs aux dimensions de la révélation évangélique et des exigences chrétiennes.

Ainsi éclaire-t-elle et édifie-t-elle (dans toutes les acceptions du terme) ceux qui s’attachent à sa voie – voix intérieure qui parle à l’intime de l’être. C’est pourquoi, pour ceux qui y sont précisément appelés et (ou) dont les familles en ont été « signées » au cours des siècles, faut-il parler, au sens plénier, de vocation chevaleresque.

Bien après l’épopée médiévale, notamment les deux siècles du royaume chrétien de Terre Sainte où s’illustrèrent notamment les grands Ordres de chevalerie, conjuguant souvent dans leur Règle l’action militaire et hospitalière, bien après les exploits, réels ou légendaires, des chevaliers errants et de ceux que l’Histoire a retenus (tels Guillaume le Maréchal, Mathieu Montmorency-Marly, Bertrand du Guesclin, Pierre du Terrail, seigneur de Bayard pour ne citer que les plus connus) la capacité de la chevalerie, toujours actuelle, d’émerveiller à sa simple évocation est une réalité que personne ne songe à contester.

Fût-ce au travers d’images simplifiées, voire simplistes, la mémoire vivante des hommes d’Occident et même au-delà, conserve le portrait idéal du chevalier, de ses prouesses, de son sens aigu du devoir et de son dévouement pour la protection et la défense des plus humbles. C’est lui l’archétype du gentilhomme, sa mesure et sa légitimité.

Au premier chef, la clef de cette pérennité d’attachement, d’admiration et de respect réside certainement en cette union du courage physique et moral conjuguée à la courtoisie – entendue en sa signification chevaleresque précisément où elle se révèle bien plus qu’une marque de savoir-vivre et de bonne éducation – qui fait du chevalier un combattant d’élite et un homme d’honneur, simple et vrai, dont l’élégance de vie signe le caractère naturel de la noblesse de cœur.

La chevalerie, en effet, est un état – un état d’être – non une décoration ni la manifestation ostensible d’un privilège social, car de privilège, en vérité, elle n’en confère qu’un seul (redoutable puisqu’il place le chevalier d’abord face à lui-même) qui est de servir au plus dru des combats : ceux du siècle lorsqu’ils sont justes comme ceux de l’ascèse spirituelle. Il peut arriver que ce soit la même bataille.

En cela, la chevalerie se présente comme le principe et l’accomplissement de toute aristocratie authentique ; elle donne sens et capacité à toute âme noble (le vrai gentilhomme ou la vraie dame) dont l’orientation innée lui fait pressentir qu’elle appartient à son souffle et qui aspire à en assumer les obligations.

Car, en sa réalité intérieure, qui la fonde et l’inspire, la chevalerie répond à et assume une vocation spirituelle dans le cadre chrétien, vocation à laquelle certains sont appelés, aujourd’hui comme hier.

Elle se présente ainsi comme l’une des expressions des charismes, c’est-à-dire des dons particuliers que, selon saint Paul, l’Esprit Saint insuffle à chacun au sein de l’unité de l’Eglise pour le service du bien commun. Charismes à la fois multiples et complémentaires, toujours à la mesure de ceux qui les reçoivent afin de remplir et d’affermir leur ministère personnel : rappelons, à toutes fins utiles, qu’étymologiquement ministère signifie service.

La chevalerie, dans cette perspective, constitue une réelle voie initiatique en ce sens qu’elle révèle l’être à lui-même et l’édifie selon le dessein divin sur lui, pour autant qu’il sache et veuille, librement, répondre à cette vocation et s’y maintenir (dans toute la plénitude du mot).

Il faut entendre ce terme « initiatique » épuré des connotations et contre-sens qui le dénaturent, surtout depuis le XIXème siècle, et en sa seule signification traditionnelle qui est triple :

Elle qualifie d’abord l’initiative de l’être qui, comme nous venons de l’indiquer, répond à l’appel que le Seigneur lui lance tout comme il l’a lancé sur les bords du lac de Tibériade à Pierre et à son frère André : « venez à ma suite » (Evangile selon saint Matthieu et selon saint Marc).

Elle exprime ensuite les premiers pas, le commencement dans la voie, sur le chemin de la découverte et de la réalisation de soi et de la rencontre avec Dieu – cette sainte Rencontre que l’on fait toujours face à Face et seul à Seul. Le Christ n’a-t-il pas dit de lui-même qu’il était justement la Voie, la Vérité et la Vie…

Elle se réfère, enfin, à l’intériorité, au (sacré) cœur de la Parole que l’on n’entend qu’au désert, autrement dit en faisant retraite et silence dans ce « lieu cardiaque » et secret de son propre cœur, ce qui signifie au plus intime de son être, en sa radicalité ontologique. Précisément, la Vierge Marie, contemplant tous les mystères accomplis par Jésus « gardait fidèlement toutes ces choses, les méditant en son cœur » (Evangile selon saint Luc). Notre-Dame révèle ainsi une clef majeure pour croître dans la foi, la connaissance et l’amour (agapè, en grec, que l’on traduit par caritas en latin : la charité).

Outre les vertus cardinales et théologales ainsi que celles enseignées par les Béatitudes qui fondent et animent toute vie véritablement chrétienne, trois vertus spécifiques constituent le sceau de l’esprit chevaleresque - et donc de toute noblesse - de sa Geste et de sa dimension intérieure. Ce sont les vertus de prouesse, de courtoisie et d’honneur. Bien sûr, elles doivent s’entendre selon leur « secret », autrement dit selon leur dimension et amplitude spirituelles.

De même, le langage propre à la chevalerie, mais qui gagnera très rapidement (dès la fin du XIIème siècle) la société médiévale tout entière, sa langue tout à la fois signifiante et poétique – on pourrait dire son chant si l’on se concentre sur le blasonnement ou art de décrire un blason – est une langue sacrée puisqu’elle parle du et au cœur de l’homme : l’héraldique, que les Anciens appelaient « la noble science » ou « science héroïque », création tout à la fois originale et originelle de l’Occident chrétien.

En effet, malgré quelques analogies, l’héraldique japonaise, islamique ainsi que les représentations totémiques constatées chez divers peuples et à travers l’Histoire, ne peuvent se comparer à ce qui s’est créé et développé en Europe occidentale dès le premier quart du XIIème siècle.

Plus profondément et « avant » d’être un signe de reconnaissance individuel, familial ou d’Ordre dans les batailles, les tournois et l’ensemble des manifestations de la vie sociale, le blason (l’écu d’armes où sont peintes les armoiries – les armes – du chevalier) se présente, en sa signification « première », essentielle, comme le portrait céleste, vivant et vivifiant de son porteur dont il traduit l’orientation (à tous les sens du terme) spirituelle et morale au travers de ses couleurs fondamentales (qui sont sept : deux métaux et cinq émaux), de ses tracés (par exemple : le parti, le coupé, le tranché, l’écartelé…) et de ses figures (les pièces honorables et les meubles).

Ainsi que le révèle le blasonnement qui le décrit rituellement – le souffle (blasen en haut allemand signifie souffler) - le blason a pour mission, à la façon d’un rébus ou du labyrinthe pavant la nef de certaines cathédrales, d’incarner la quête, l’acheminement intérieur de l’âme dans la réalisation de soi et vers son Créateur. La phrase, célèbre, de Goethe illustre parfaitement cette fonction du blason : « deviens ce que tu es ».

Il existe ainsi une lecture spirituelle des armoiries et donc une voie du blason puisque, de quelque manière, ce dernier chiffre et déchiffre le secret des êtres ; secret signé et révélé par le nom mystique, tel que l’évoque l’Apocalypse selon saint Jean et dont le blason donne l’écho en en exprimant l’image. De sorte que les armoiries, pour être entendues, c’est-à-dire comprises en leur sens ultime, doivent être contemplées comme une icône.

A la vérité, ce sont d’ailleurs les armoiries qui, à l’instar des icônes selon la tradition des Eglises orthodoxes, regardent l’homme qui les contemplent ; qui le regardent au cœur de son intériorité, lui soufflent le secret de son être et l’invitent à son accomplissement dans la lumière de l’Esprit qui est amour.

L’union première, au double sens d’un primat spirituel et d’une chronologie historique, de la chevalerie et de l’héraldique ne peut guère surprendre. Le blason est la langue sacrée de la chevalerie dont il a pour mission de « fixer » le feu des potentialités et la mémoire des hauts faits tout en affirmant l’exigence d’un accomplissement sans cesse renouvelé. C’est la nature et le destin du gentilhomme : « noblesse oblige ».
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