De l'enfance

Les enfants, objectif premier du mariage


L'enfant légitime est celui qui, né dans le contexte du mariage, perpétuera le nom et le patrimoine de la famille. A sa naissance, qu'il soit garçon ou fille, il est très vite entouré de soins attentifs.

On lui donne d'abord un bain chaud, devant une bonne flambée, puis il est emmailloté "corps et bras", c'est à dire enveloppé solidement dans plusieurs épaisseurs de draps fin (les langes), jambres droites et les bras le long du corps. Ce maillot avait plusieurs objectifs : garder le bébé au chaud, le protéger des maladies, tenir sa colonne vertébrale pour qu'elle ne se déforme pas, et l'empêcher de marcher à quatres pattes "comme un animal".

Le berceau peut prendre plusieurs aspects, mais il est toujours pourvu d'un dispositif pour bercer l'enfant. Les deux formes les plus répandues semblent être le berceau à bascule, monté sur des pieds arrondis, ou le berceau suspendu, retenu en haut des montants par deux attaches, et que l'on balançait dans le vide.

Si l'enfant atteint sa première année, on lui retire les langes et on l'incite à se déplacer debout "comme un homme".

Il est très difficile d'établir la place réelle du père dans l'éducation et la puériculture. Plusieurs textes prouvent que le père savait comment se comporter et avait à coeur l'évolution de ses enfants, mais d'une façon générale, l'enfant semble avoir été principalement confié à sa mère et aux femmes jusqu'à ses sept ans, surtout dans les familles nobles. Dans la paysannerie, le manque de moyens et la promiscuité rendait plus difficile l'application exacte des préceptes de l'époque, et la main d'oeuvre supplémentaire, même pour de menus travaux, était généralement appréciée.

Chez certains seigneurs, le jeune enfant n'était pas admis à la table de son père, et ne devait pas "se présenter devant lui" à moins d'y avoir été invité. Appelé à devenir un jour chevalier - ou épouse de chevalier - l'enfant devait apprendre à respecter la discipline et la hiérarchie.

L'enfant est donc confié à sa mère. Quand la famille est suffisamment riche, elle fait parfois appel à une nourrice, qui vient alors s'installer à domicile avec son propre enfant. Elle est chargée d'élever et de nourrir les deux nourrissons ensemble, sans faire de distinction. L'usage semble prouver que la nourrice jouait aussi un rôle de conseillère auprès de la jeune mère, et la secondait en attendant qu'elle retrouve toutes ses forces.

Pour le tout petit enfant, c'est la mère qui assure la transmission de la foi aristotélicenne.
C'est un enseignement des valeurs aristotéliciennes qui passe par tous les objets de la vie quotidienne. On a retrouvé, pour la fin du Moyen Age, des bols-abécédaires ornés d'une croix, des chapelets, des bouliers ou des jouets pieux pour enfants.

La mère joue également un rôle particulièrement important dans l'éducation de l'adolescente, en lui transmettant un certain nombre de valeurs, de savoir-faire dans le domaine domestique bien sûr mais aussi pour la préparer à sa future vie de femme.

L'enfant au Moyen Age est aimé, éduqué, reconnu dans sa nature particulière. Les textes médiévaux répètent souvent que les parents doivent chastier leur enfants.
Chastier signifie à la fois réprimander et instruire, mais le sens de ce mot n'entraîne pas nécessairement un châtiment corporel.

Même si les traités de pédagogie de l'époque préconisent l'utilisation de punitions physiques, beaucoup d'entre eux conseillent d'y recourir en dernière instance, lorsque la persuasion a échoué et insistent sur la nécessité d'une grande modération des coups pour qu'ils soient efficaces.
L'éducation médiévale se fait donc d'abord par la parole et par l'exemple.

Lorsque l'enfant grandit, le père est aussi très présent auprès de ses enfants. Des images plus profanes laissent voir une grande complicité père-enfant, dans le jeu comme dans le travail : les petits ramassent des glands lorsque le père abat un chêne, effraient les oiseaux dans les champs pendant que le père sème du blé, tiennent les pattes du mouton que le père tond et, à la vendange, veulent l'aider à fouler le raisin dans la cuve...

Cependant, les enfants illégitimes, nés hors mariages, sont assez mal considérés, surtout à partir du XIIe siècle où ils sont souvent exclus des héritages dans les milieux aristocratiques. Mais il arrive aussi que ces "bâtards" soient intégrés à la famille et élevés comme les enfants légitimes.

Les rapports illégitimes pouvaient avoir lieu de diverses manières : la paroissienne et le clerc, le maître et la servante, des viols collectifs, la prostitution dans les villes...