Le four banal

Norbert s'ennuyait un peu.

Il avait nettoyé l'office, récuré la grande salle, replanté du gazon, et bêché le jardin.
Ses maîtres trop occupés par la petite morveuse avaient lâché du lest sur les travaux à réaliser.

Norbert sorti de ses insondables guenilles une outre.
Il la porta au dessus de sa tête et attendit que le liquide tomba dans son bec. La scène eut fasciné un naturaliste, tant les distorsions du corps du domestique prenaient des angles impossibles lorsqu'il du lever la bouche pour recueillir la boisson.

Un filet de liquide rougeâtre coula, dans et hors de la bouche du grouillot. Il fit redescendre son outre et s'essuya les lèvres.
Puis il posa son outre sur un bloc de pierre, s'y assit et fouilla à nouveau ses guenilles. Il en sorti une miche de pain plutôt rassie, et un pot en terre.
Il s'équipa un petit couteau et sorti une sorte de saindoux du pot. Il trancha la miche et tartina.

Non loin une petite chèvre vaquait à quelque activité que seule une chèvre pourrait apprécier.
Il faisait beau, le printemps était là, et on n'avait pas crié après Norbert depuis deux jours. Il se prit à se demander s'il n'allait pas payer tant de bonheur prochainement.

Invité

Louis arriva, de manière très préssée.
Il cherchait norbert.

- Ah ! Vous voilà vous ! Monsieur vient d'arriver, et vous, vous bailliez aux corneilles ! je m'en rappelerais, fénéant.

Il le prit par l'épaule, ne le laissant pas finir son déjeuner, et le bouscula sans retenue jusqu'au portique du donjon

- le parquet de la salle de garde n'est pas ciré, et cela çi-fait vous irez en cuisine !

Norbert sursauta et poussa un petit cri aigu.
C'est était fini de sa paix.

La "gouvernante" voulait faire du zèle. Et on le traitait de fainéant, lui... lui qui tenait cette maison propre et en état. Qui devait porter les trucs lourds et salissants? Hein? On vous l'demande tiens.

Déjà le pinard était sauvé. Tant pis pour la tartine.

Cirer le parquet, mais l'est vieux comme mathusalem ce parquet, avec des jours d'un pouce entre les lattes. Le cirage y servirait à rien, si toutefois on pouvait le cirer.

Cirer le parquet de la salle de garde... Vraiment, quelle idée, surtout pour que les bottes cloutées le rendent à son état en deux jours... Aristote aidez cet égaré.

Bon m'sieur j'y va d'se pas, pas vous fâcher, y s'ra fait vot' parquet.

Ensuite la cuisine, bah, on y sera tranquile et au chaud.

Invité

Louis se retourna

- Je vous ais entendu norbert . Et bien, puisque qu'il y a des jours, vous allez me les combler, il y a des planches à coté de l'écurie.
Et pour la cuisine, ne croyez pas y être tranquile, nous avons des invités, et, ils souhaitent des plats épicés et assez forts pour leur retour.
Vous allez-donc m'éplucher une vingtaine d'oignons.

Louis eu un petit sourir en coin

Allons donc, combler les jours du parquet de la salle de garde, mais y en aurait pour une semaine, et tant qu'à faire c'est tout le parquet qu'il fallait reprendre.

Norbert s'avisa de ne plus penser à voix haute.

Oui, m'sieur, les planches et le parquet, ce sera fait, pareil pour le repas.

Ce petit monsieur veut que je pleure, se dit-il, il n'aurait pas cette satisfaction, Norbert avait la technique pour éplucher les oignons.
D'ailleurs la dernière fois qu'il avait pleuré, c'était devant un écu d'or trouvé dans un caniveau.

Invité

Quelques jours plus tard, Louis revint, tout vétu de noir

- Monsieur Norbert, en ces temps dur pour la famille de l'Epine, je vous demande d'aller chercher des fleurs au village. Puis, vous viendrez me les porter pour que j'y inscrive un mot.

Louis tendit un écus à cet homme courbé par la besogne

Norbert fut assez surprit.

Merci m'Sieur

Déja on l'appelait "Monsieur". Et ça, ça réservait rien de bon.
Ensuite on lui avait donné la pièce, Norbert regarda dans sa main, un sou. L'Intedant lui avait donné cette pièce comme si c'était un écu. Fiéfé coquin, le "Monsieur" n'était là que pour le distraire. Bah, c'était tout de même mieux que les quelques deniers qu'il reçevait d'ordinaire.

Alors que L'Intendant s'éloignait

Ce soir il irait en douce au village, et ce sou se transformerait bientôt en litres de bières. Le tavernier le reçevrait comme un prince. Il pourrait même jouer un peu aux dés.

Avant ça fallait des fleurs, en début de printemps, ça allait être ardu, Norbert prit donc un pannier, et se prépara à une assez longue sortie, à la recherche des premières fleurs de la saison.

Invité

Louis savait qu'il trouverait ici norbert,
l'élan de générosité précédent était passé depuis bien longtemps,
Il avait remit sa tenue normal et décroché le brassard noir de son bras

La terre était boueuse alors il resta sur le pavement et cria

- Norbert !!!

- Mais ou est donc se fichu paresseux ?!?

-Norbert !!!

Il attendit qu'il viennent, les bras entrecroisés et tapotant du pied