Arrivé de Catherine

Une jeune demoiselle arriva au domaine sous invitation de sa tutrice. Elle était très exitée d'enfin voir la demeure de Matthilde, mais également d'y être pour des questions d'éducation. Peut-être verrait-elle la jeune fille de la Marquise et celle de monsieur Dragonet. Le coeur battant, elle s'avança nerveusement, mais toujours aussi souriante, vers la porte d'entrée.

Robert le garde faisait les cent pas, comme toujours, devant les portes du château de l'Epine. Il sifflotait un air gai, souriant niaisement au soleil, ainsi qu'à son frère qu'il croisait tous les dix pas.

Ils avaient tous deux été appelés il y a quelques mois à seconder l'autre garde, le Fauchevent, parce que le Monsieur le Marquis était moins présent ces temps ci et avait demandé de veiller soigneusement le château : que personne n'entre sans bonne raison, parce qu'il y avait la petite demoiselle à l'intérieur, et qu'il fallait pas qu'il lui arrive du mal.

Robert s'arrêta un instant et lorgna les environs.

Corne de bouc ??!! De la poussière !

Il jeta un regard ébahi à son frère.

Voilà longtemps que personne n'avait demandé à entrer au castel...

Mais...Mazette, trois nuages de poussière et de trois côtés différents, en plus !

Et en effet...l'intelligence de Robert n'était pas tout à fait fameuse, mais sa vue était à louer. Trois personnes, ou trois groupes de personnes arrivaient de trois côtés différents.

Les vlà. constata Robert. Ce fut d'abord une petite demoiselle qui descendit promptement d'un poney, escortée par deux bonshommes qui, après avoir accordé un signe de tête hautain aux deux gardes s'en repartirent aussi vite qu'ils étaient arrivés.

Robert, je vais voir du côté du messire...l'autre qui vient d'arriver. dit Robin, l'autre garde.

Robert s'approcha de la demoiselle :

J'suis Robert, le Garde, et de par ce rôle je veille sur ces portes.Il désigna les grandes portes derrière lui. Cette phrase, on lui avait fait répéter des dizaines de fois. Il la connaissait maintenant par coeur. Donc, je vous demande qui vous êtes, ce qui vous envoie ici, ce que vous venez y faire, qui vous venez voir...'fin tout ça quoi.

Catherine écouta attentivement le garde tout en observant ses habits. C'était toujours impressionnant de voir cet accoutrement inhabituel pour une jeune fille.

Il faut que je dise mon nom au complet? Parce qu'il est assé long vous savez... Bon alors, si vous insistez. Je m'appelle Catherine de Suarez d'Egmont. J'habite chez monsieur Dragonet de Castel. Dame Matthilde est la personne qui s'occupe de m'éduquer pour être une grande dame... Elle m'a envoyé une lettre l'autre jour et m'a demandé de venir la rejoindre ici. Regarder.

Elle sortie la lettre d'une poche de sa robe et la tendit au monsieur. Il ne savait peut-être pas lire, mais il reconnaitrait peut-être la signature de Matthilde si il l'avait déjà vu.

Elle veut qu'on discute... c'est à propos de mon éducation.... dites, votre chapeau, il est pas trop lourd? À votre place j'aurais mal à la tête, mais il est très jolie, il brille... j'aime beaucoup tout ce qui brille!

Robert tendit la main pour attraper la lettre, la déplia et la parcourut des yeux. Intérieurement, il pesta et jeta un regard vers son frère qui discutait avec le jeune messire, non loin. Robin savait lire, lui et on lui demandait seulement de parler. Tandis que lui, Robert, on lui mettait ce bout de parchemin couvert d'encre entre les mains, et qu'il n'était fichtrement pas capable d'en lire la moindre lettre. Fort heureusement, le sceau était toujours visible, bien que rompu, et Robert y reconnut le sceau de la Marquise.

C'est bon. grogna Rob' en rendant la lettre à la jeune Catherine. M'sire Dragonet, v'zavez dit ? Crois bien qu'j'ai d'jà entendu parler d'lui ici. Y'a sa fille, qui reste au château, j'pense bien l'avoir d'jà entendu m'parler d'ça. Ou à l'aut', le frère Robin, là bas. Dame Beulbeul, qu'elle s'appelle. En attendant M'dame la Marquise, j'peux vous faire amener la Dame Beulbeul, qu'elle s'occupe de vous. Madame de l'Epine n'est pas bien loin, j'crois qu'c'est elle qui vient là bas. J'peux voir ses couleurs d'ici. Mais elle a fort à faire d'ici son arrivée, alors j'vous appelle Dame Beulbeul...Si ça n'vous dérange point, mam'zelle Catherine...

Le garde était fort bavard et ne s'en souciait guère. Il aimait parler. Se souvenant soudain de la question de Catherine :

C'est pas un chapeau et c'est pas lourd. J'ai la tête dure sinon je s'rais pas là, ma p'tite dame. Z'êtes comme les pies, qu'aiment tout c'qui brille et les chipent.

Et il éclata d'un gros rire tonitruant.

J'pense pas, une grande dame, ça vole pas c'qu'elle convoite... Puis, s'écartant légèrement de côté, Passez p'tite dame, entrez, on va vous trouvez Dame Beulbeul qui vous mènera manger un bout.

Le garde parlait d'une drôle de manière et elle dut porter plus d'attention à ce qu'il disait pour bien comprendre.

Ah non pas les pies! J'aime seulement regarder les objets, beaucoup plus que les avoir! On admire et on désire beaucoup plus ce qu'on a pas ,vous croyez pas? Ce serait triste d'avoir tout ce qu'on souhaite, on s'en lasserait beaucoup plus vite je pense et ça nous rendrait moins heureux parce qu'on aurait plus envie de rien...

Ah oui dame Beubeul, on m'a parlé d'elle souvent. Oui j'aimerais bien la voir, merci.

Catherine salua le garde et entra dans la demeure.

Beulbeul arriva essouflée, à l'entrée de la demeure. Elle vit une jeune fille, magnifique, très digne,très belle, portant déjà toute la grâce sur ses épaules.
Cela devait être la personne en question qui l'attendait.
Elle défroissa sa robe, se recoiffa, et aussi tranquillement que possible se dirigea vers la jeune personne.

Mademoiselle, permettez moi de vous souhaiter la bienvenue en la demeure de l'épine. Je suis Beulbeul, damoiselle de compagnie de la marsquise. Je vais vous conduire de ce pas au salon des amis.

Beulbeul laissa la jeune fille s'avancer, et lui montra le chemin.

Venez, chère demoiselle, nous allons patienter avec MAdemoiselle Clémence. Avez vous goûter ? Sinon, je vous propose de prendre une collation en compagnie de mademoiselle Clémence.

Cela ne prit que peu de temps avant que demoiselle Beulbeul puisse rejoindre la petite fille. Déjà, en apercevant la fille de sieur Dragonet, Catherine avait comprit que cette femme porterait, elle aussi, une place très spéciale dans son coeur. Dès le premier regard, elle avait sentie une boule de chaleur parcourir son petit être. Le sentiment qu'elle portait déjà de l'affection pour une personne qu'elle ne connaissait pas encore.

Bonjour demoiselle Beulbeul! Je suis très enchantée de vous connaitre enfin. Votre papa m'a beaucoup parlé de vous, vous savez et aussi dame Matthilde.

Oh oui! Je meurs de faim après ce voyage et je serais très heureuse de pouvoir manger avec la fille de dame Matthilde!

Tout en échangeant quelques mots, elles continuèrent leur chemin vers l'intérieur de la demeure.

Beulbeul souriat, et emmena la jeune fille au salon des amis. Le valet ne lui ayant pas précisé le nom de cette invité, la demoiselle de compagnie discuta avec cette jeune personne. Elle apprit ainsi que cette enfant se prénommait Catherine.

Elle en avait également entendu parlé par son père Sieur Dragonet.
Elle fut très heureuse de la rencontrer enfin. Son père lui en avait fait des éloges, et la connaître enfin lui faisait extrèmement plaisir.

Toutes deux traversèrent les longs couloirs de l'épine, et elles arrivèrent enfin au salon des amis.

Cela ne fait pas longtemps qu'elle était partie du domaine de l'Épine, mais la voilà qui revenait déjà. Des cours plus sérieux était au menu et Catherine en était fébrile d'excitation à l'idée de commencer. Elle arriva devant le même garde avec qui elle avait discuter lors de son premier arrivé.

Bonjour! Comment allez-vous aujourd'hui? Si vous vous ne souvenez pas de mon nom, je suis Catherine et je viens pour mes cours de caligraphie!

Puis elle attendit sagement le sourire aux lèvres.

Aux petites lueurs du matin, Buelbeul aimait prendre l'air frais. C'était un moment qu'elle appréciait particulièrement ; la nature était encore endormie et elle pouvait profiter de la rosée, de ce paysage matinale seule et au calme. Un bruit inhabituel troubla sa tranquilité quotidienne. Beulbeul s'approcha de l'entrée et vit avec une joie non dissimulée qu'il s'agissait de l'arrivée de sa jeune soeur Catherine.

Un sourire jusqu'aux oreilles, elle se dirigea vers la jeune demoiselle.

Catherine, mademoiselle Catherine, comme je suis heureuse de vous revoir.

Beulbeul remarqua que la jeune fille avait bien grandie, prit de l'assurance et sa beauté était resplendissante. Sans y attendre vraiment, Beulbeul l'embrassa.

Catherine, vous êtes la bienvenue au domaine. Je pense qu'une jeune demoiselle sera très heureuse de vous voir, ainsi que la Marquise.

Avant même que le garde puisse lui répondre la jeune demoiselle se retourna lorsqu'elle entendit qu'on l'appellait. C'était sa soeur Beulbeul qui arrivait dans sa direction. Cette dernière semblait ravie de la voir et Catherine ne cacha pas non plus ses émotions.

Bonjour ma soeur! Oui j'ai très hâte de les revoir moi aussi!

Elle continua la petite discussion en marcha vers l'intérieur du domaine.

Beulbeul, tout en accompagnant sa soeur à l'intérieur du château, vit une agitation peu commune à l'accoutumée. Elle demanda ce qui se passait à un valet, et elle sut que le Marquis et La Marquise voulaient voir l'ensemble du personnel. Elle se devait d'y être.

Chére Catherine, nous allons de ce pas rejoindre les maîtres des lieux, ils veulent nous communiquer quelques informations je pense. Accompagnez moi si vous le souhaitez... Tout le monde sera présent là bas.

Pressant le pas toutes les deux, elles se dirigèrent vers les parties communes.

Catherine arriva aux portes de la demeure. Elle y venut dans une voiture conduit par un vieillard. Dorénavant, son père c'était entendu à ce qu'elle ne voyage plus seule et d'un côté il avait probablement raison.

Descendant du carosse, Catherine marcha tranquillement vers l'entré puis se nomma et attendit la permission d'entrer.

Robert vit arriver Fauchevent et le héler de loin, ainsi que son frère, un peu plus loin.

Et puis en même temps arrivait Catherine. Robert était physionomiste, la petite, il l'avait déjà vue plusieurs fois entrer et sortir du castel, et son prénom était maintenant assimilé.

Rob' jeta un oeil vers Fauchevent qui insistait et commençait à hausser la voix, là bas, puis sur Catherine, toute souriante, qui était juste à côté maintenant. Le garde fit signe à Fauchevent de se rapprocher et l'écouta ensuite lui dire qu'on l'attendait à l'intérieur, pour accueillir le nouvel intendant.

Bonjour, mam'zelle, heureux de vous revoir si souriante en ces lieux. Nous n'allons pas attendre qu'on vienne vous chercher pour vous conduire à l'intérieur, nous allons y aller ensemble, hein ? Fauchevent qui est là me dit qu'on m'attend moi et mon empoté de frère à l'intérieur, avec les seigneurs. Tant qu'à faire, venez aussi, je ne crois pas qu'on soit choqué de vous voir là bas. Madame la Marquise sera bien contente de vous voir, je pense, et sans doute que sa fille aussi. Suivez-nous donc, il fait trop froid dehors pour que vous restiez là à vous geler les pieds.

Catherine suivit Robert qui suivait Fauchevent vers la salle de réception.