Et des lointaines terres du Languedoc il arriva...

Le carrosse de la famille de Volpilhat !

La première réaction d'Eilinn à l'annonce de ce voyage avait été intérieurement : "Encore un enterrement !" Mais elle était désormais au service d'une noble dame, et ainsi elle s'était engagée à l'accompagner ou qu'elle aille, peut importe les circonstances.

Elle avait encore en tête la correspondance avec sa mère, lui annonçant qu'elle serait non loin de la Champagne, et que peut-être... Et non, sa génitrice ne serait point présente, prétextant un problème avec son suzerain tourangeau. Les prochaines retrouvailles seraient donc pour son baptême, quelques jours plus tard, en Artois.
N'était-elle pas censée commencer à évoluer hors du giron maternel ? Sa mère l'avait alors engagé à respecter son honneur et celui du nom de son défunt père, ce qui signifiait perdre un peu de cette douce insouciance enfantine, pour appliquer les notions du "paraitre" apprises.
Sourire, faire la révérence, avoir des paroles polies et policées. Et surtout, ne pas faire de bêtise, ne pas se laisser aller à un quelconque débordement enfantin ou puéril. Etre ou paraitre, il n'y avait pas le choix.

Du haut de ses onze ans et quelques mois, Eilinn se préparait donc à cette première "mondanité" comme demoiselle de compagnie de Jehanne Elissa Raphaëlle de Volpilhat, Vicomtesse de Cauvisson et Baronne de Malpertuis, alors que le domaine de l'Epine n'était plus très loin.

Au départ du carrosse, il y avait eu les rapides présentations entre les différents membres de la famille, et de leurs proches, qu'Eilinn découvrait. Catalina Constance, tante de sang de Jehanne Elissa, sa dame de compagnie, Candice, et un jeune garçon proclamé "écuyer" de la vicomtesse. Un sentiment diffus de curiosité, mêlé d'une once de jalousie était né dans le coeur de la jeune fille à cette annonce, mais qui fut vite étouffé par un raisonnement simplissime "une fille ça remplace pas un garçon". Et le voyage fut long, mais long !

Enfin ils arrivèrent à l'Epine. Castel important, couleurs en berne, c'était le moment du bal des masques mondains.
Elle attendit que le cocher amène la marche pour une descente toute en noblesse, et fut la première à sortir du carrosse, n'ayant qu'en tête une envie de s'étirer. Mais au lieu de cela, elle présenta sa main pour aider les suivants à descendre. Il serait bien temps après de lisser sa houppelande couleur de lin, sobre et sans fioritures.

Le carrosse de la famille de Volpilhat!

Ce jour la c'était un carrosse anormalement chargé qui avançait le long des chemins, car aussi lointain que pu remonter sa mémoire elle n'avait pas souvenir d'avoir vu plus de trois personnes peut-être dans l'habitacle.
Dernièrement c'était avec Adeline et Candice qu'elle voyageait le plus, dans d'ancien souvenir qui tendait à devenir flou car elle n'avait pas cessé de vouloir les effacer c'était au coté de Margot que la route se passait.

Margot... qui était partit, envolé, comme ca sans avoir prévenue du terrible moment il y a maintenant plusieurs années.
Pas que le deuil fut fait, mais aujourd'hui avec du recul elle se demandait si aucun signe n'avait montré bien avant que quelques choses se passerait.
Ainsi elle songea demander à Clémence si sa défunte mère avait montré quelques signes précurseur d'une mort certaine mais en continuant de réfléchir la jeune rousse était arrivé à la conclusion que ce n'était pas des questions que l'on posait dans ce genre de moment.
Peut-être que quand les années les auraient rattrapés, leur aurait enlevé leur jeunesse et leur chagrin elle lui demanderait ce qu'elle avait ressentit à ce moment la, car c'était une question importante aux yeux de la plus vielle des Volpilhat encore en vie.
Vivions nous tous de la même manière le départ d'un proche?

Certain se laisse mourir de tristesse, d'autre cache le tout sous une montagne de sourire, d'autres n'en parle plus jamais mais semble souffrir à chaque instant...
En bref c'était un tas de questions, un gigantesque retour de souvenir macabre qui lui venait alors que le carrosse continuait sa route.
Elle se retrouva plongé dans l'ambiance qui régnait il y a au moins... non elle ne sait plus, mais ce qui la rassurait certainement c'était qu'au moins elle était sur de ne pas découvrir de cadavre à la fin du voyage.

De temps en temps, Catalina revenait à la réalité recouvrait les épaules de l'enfant qui c'était endormit à ses cotés et dont le manteau avait glissé.
Ensuite elle souriait à sa nièce puis retournait de nouveau la tête vers l'extérieur pour se replonger dans d'autres souvenirs.
C'était à la fois douloureux que de les savoir perdu à jamais et à la fois tellement doux que les souvenirs qu'elle gardait d'eux lorsqu'ils étaient la.
Oui une sorte de mal si, plaisant!

Puis après différentes pauses, il sembla enfin que le voyage se terminerait bientôt.
Le carrosse ralentit (ah j'avais oublié y'a la gouvernante :p) elle fit signe à Adeline de s'occuper de la petite brune, Candice, tandis qu'elle descendait à la suite de la demoiselle de compagnie de Jehanne-Elissa.
C'était la tout de même un bel équipage pour deux jeunes filles, pour deux frêles Volpilhat, d'une part il y'avait Eilinn et un éscuyer, de l'autre une enfant et Adeline qui avait enfilait une des robes qu'elle avait hérité de la dernière Vicomtesse de Cauvisson.

Une fois à terre Catalina, prêta quelques instants attention à comment se passait la descente du carrosse pour le reste de l'équipe puis elle commença à faire quelques pas pour que déjà on leur ouvre les portes et que personne n'est besoin d'attendre devant la garde du château de l'Epine.
Certes Adeline aurait pu s'en charger mais elle était occupait à réveiller la petite orpheline qui accompagnait partout Catalina, ainsi cette dernière s'adressa au garde.

Veuillez annonçer les venues de Jehanne-Elissa de Volpilhat et de Catalina de Volpilhat ainsi que leur suite, à nostre amie Clemence de l'Epine.

Baudouin accourut : il avait été renvoyé de la chapelle au castel pour s'assurer du transport de la bière jusqu'au lieu de culte. Mais de même, il était chargé d'accueillir les arrivants qui frapperaient aux portes du château plutôt que de se rendre directement à la chapelle Saint-Jean.

Les Volpilhat... il connaissait. La demoiselle de l'Épine lui en avait bien parlé, tout comme des liens qui unissaient leurs deux familles -ainsi que la filiation de la plus jeune avec l'ancien écuyer du Marquis, Louis-Raphaël d'Appérault.

Digne escorte pour un tel nom, en vérité. Et tant de jeunesse... L'on voyait bien que c'était désormais Clémence qui, plus que tout autre, prenait possession des lieux.

Bienvenue à l'Épine, damoiselles... damoiseau... ajouta-t-il précipitamment en se rendant compte d'une présence masculine tout à leurs côtés. Pénétrez donc dans la cour, nous allons prendre soin de vos montures. Et puis, si vous le désirez, nous vous servirons rapidement de quoi vous rafraichir de la longue route que vous avez dû faire, tout de même, avant l'imminent début de la cérémonie. La chapelle Saint-Jean se situe en contrebas, non loin, vers le hameau.

Après une légère courbette toute pleine d'élégance et de subtilité, il les précéda en direction du donjon. Mais la cloche funèbre ne tarderait pas à retentir, et il lui fallait rejoindre la chapelle avant qu'elle ne sonne le début de la cérémonie. Aussi n'avait-il que peu de temps à accorder à chacun.

Vous aurez davantage de temps pour vous rassasier tout à l'heure : nous organisons un banquet de funérailles, après les obsèques.

» un carosse arriva