Les cuisines

Matthilde écoutait attentivement l'échange entre sa demoiselle de compagnie et son mari puis repris alors en réponse à cette dernière...

Faites-dont Beulbeul, nous nous retrouvons aussitôt après que je puisse m'entretenir avec vous.

Catherine se leva tout de suite après que Beulbeul est quitté les lieux.

Se fut délicieux! Merci beaucoup de m'avoir invité ici. À présent, je dois partir. Je ne peux pas rester plus longtemps, car on m'attend ailleurs. Je vous souhaite de bons retrouvailles et j'ai été ravie de faire votre connaissance monsieur.

Elle s'inclina légèrement, puis partie vers la sortie accompagné d'un domestique.

J'en suis ravi également, fais comme chez toi, cette demeure t'es ouverte.

Quant à vous Damoiselle Beulbeul, je vous en prie, disposez.

A très bientôt Catherine, j'espère te revoir rapidement, et pour ce dont nous avons pu parler, ne t'en fais pas, les choses seront mises en place pour toi avec ou sans permission, ici je suis chez moi et tu y seras chez toi lorsque bon te sembleras sans aucune question

Bon retour à toi, je vais demander à ce qu'une escorte t'accompagne.

Matthilde la regarde partir, le coeur un peu serré et espérant secrètement la revoir à l'Epine très vite...

Une fois Beulbeul, Catherine sorties des cuisines allant chacune là ou le devoir les appellait, Matthilde posa alors un regard attendrit sur sa douce princesse... Regardant Albert qui semblait lui aussi épuisé par son retour, elle comprit alors qu'il fût plus sage pour tout le monde de se retirer afin de prendre un bon repos mérité...

Elle se leva alors même que Clémence ne demandait plus son reste, repue par le festin qu'elle venait de déguster malgré tout un peu goulument... A la demande de la petite, Matthilde souriant tendrement à sa princesse répondit alors...

Oui ma douce, tu vas pouvoir aller te reposer à présent il est grand temps.

Elle s'approcha d'elle, lui ouvrant les bras afin de la porter et de pouvoir la serrer fort dans ses bras et de la conduire dans sa chambre ou un lit bien douillet l'y attendait...

Allons-y Albert, il est temps pour tous de nous reposer.

Elle porta Clémence qui épuisée posa instinctivement sa tête dans le creux de l'épaule de sa mère, les bras l'entourant totalement et le sommeil bien présent dans ses petites paupières assombries par la fatigue formant quelques cernes... Matthilde passa ses mains autour de sa petite princesse, caressant ses cheveux puis sortit de la pièce laissant son époux à sa suite afin qu'il puisse venir border leur fille...


[hrp : Bon voyage à toi ! Pour ma part le départ se fera à partir du 22 au soir... A très bientôt ! /hrp]

Oui, allons.
Je suis assez fatigué par mon voyage. Et je compte faire dès demain une petite visite de mes terres, j'aimerai beaucoup que tu m'accompagnes ce faisant.

Il fit signe à son épouse de passer devant lui, afin de monter aux étages.

C'est une excellente décision, je t'accompagnerai avec grand plaisir mon époux.

L'appétit d'Isaure faisait plaisir à voir. Et Clémence se prit à sourire au spectacle qu'elle offrait. Elle s'étonna même à poser sur elle un regard bienveillant. Il lui sembla, à cette constatation, que son coeur s'était emballé, puis avait ralenti, pour finalement donner l'impression que plus aucune pulsation ne battait sourdement dans sa poitrine.

Elle n'avait pas l'habitude. Pas l'habitude de ressentir ce genre de choses. Son amour était consacré à sa mère et à nul autre. Elle pouvait bien sûr ressentir de l'affection, de l'amitié, mais rien ne parvenait à égaler ce qu'elle ressentait pour sa mère. Et de loin.

Alors là, face à cette cousine qui l'attendrissait de par la banalité de ses gestes et de ses envies, qui devenait davantage qu'un simple membre de la famille, plus jeune, sur qui elle se sentait le devoir de veiller... Elle se sentait perdre pied. Que devenait-elle donc ? La mort de sa mère avait-elle ouvert quelque porte qu'elle aurait jusque là dissimulée derrière de lourds rideaux opaques ? Etait-ce cela finalement, le "plaisir" ? Vouloir le bien de quelqu'un, vouloir le voir heureux, quelqu'un d'autre qu'elle même, quelqu'un d'autre que sa mère ? C'en était bouleversant, de se rendre compte qu'on s'était fermé tant de temps, qu'on avait refusé tant de choses simplement parce qu'on pensait ne pas le mériter. Et que personne sans doute ne méritait rien de sa part.

Elle avait été gourmande. Puis elle avait oublié ce qu'était la gourmandise. Elle n'avait pas apprécié la saveur de la nourriture depuis bien trop longtemps. Elle ne l'avait pas voulu. Elle était alors indigne de goûter à ce simple plaisir. Et maintenant ? Des mots avaient été dits, des choses avaient été vues, des événements s'étaient produits. Et elle avait pris conscience, peut-être, que tout ce qu'elle pensait n'avait aucun sens. On lui avait dit qu'elle était égoïste et elle l'avait accepté. L'égoïsme était une chose, l'égocentrisme en était une autre. Il lui fallait apprendre à voir le monde différemment. Il lui fallait vivre, comme elle vivait avant. Quand elle avait l'âge d'Isaure.

Elle regarda Amaël. Puis revint sur Isaure. Leur compagnie lui faisait du bien. Et alors, elle se versa un plein bol de bouillon, une pleine coupe d'hypocras, tout en se coupant une large tranche de pain et une épaisse portion de lard. Elle aimait manger, elle avait aimé ça. Et puis, quel homme voudrait bien d'elle, aussi maigre qu'elle l'était, malgré ses épaisses couches de vêtements censées dissimuler cela ?

Amaël. commença-t-elle après avoir bu une gorgée du doux et sucré breuvage. Dites-moi. Ne pouvez-vous pas nous parler un peu de vous ? Les hommes aiment bien, en général, parler d'eux-mêmes, non ? légère moue ironique. Qu'aimez-vous ? A quoi vous destinez-vous -hormis un beau mariage ? Qu'attendez-vous de votre vie ?

Bien des questions, en vérité, auxquelles elle n'aurait jamais pu répondre pour sa part, sans y avoir réfléchi des heures. Elle ne voulait pas mettre le jeune homme mal à l'aise. Elle souhaitait simplement en apprendre davantage sur lui. Il fallait le reconnaître, un homme qui était prêt à faire autant de chemin pour tenir compagnie à une dame esseulée pouvait soit avoir quelques idées derrière la tête, soit être imprégné de valeurs chevaleresques, d'une galanterie, d'une courtoisie à toute épreuve. Et Clémence préférait pencher pour la seconde option, aussi fière et pétrie d'orgueil qu'il était décemment possible de l'être, à se supposer ainsi dotée d'un beau et noble chevalier servant.

Mariage. Ainsi, tous n’avaient que ce mot à la bouche. Etait-ce donc une fin en soi ? Clémence avait abordé le sujet la veille. Isaure s’en était alors remise à elle, sans vraiment croire à un miracle possible. Elle avait conscience que conclure un mariage s’avérerait compliqué ou du moins qu’il ne satisferait très certainement pas ses aspirations. Et pourtant, ce rêve qui était celui de tous selon Amael devenait peu à peu le sien. Oui, elle rêvait à présent d’un bon parti. Peu lui importait dorénavant les élans du cœur, son aînée avait raison. Seul un mariage bien pensé avait de l’importance.

La jeune fille fut tirée de ses réflexions par la voix du jeune homme qui s’intéressait à son tour à leurs passions. Isaure n’avait pas tellement envie de parler, ce qui était rare, mais la question s’adressait tout autant à elle qu’à sa cousine et elle se devait de répondre.

Ma famille est ma passion, messire Amael.

Son regard glissa jusqu’à Clémence avant de revenir sur le jeune du Ried.

Bien que les randonnées équestres soit un de mes passe-temps favoris. Sinon, quand l’inspiration me vient, j’aime peindre.