Fauchevent le garde se sentait angoissé, il y avait depuis la naissance de la fille du Seigneur une recrudescence de visiteurs, plus illustres les uns que les autres. Il avait un souvenir mitigé du mariage, et de ces passages incessants.
C'était un homme assez placide, peu enclin aux humeurs. C'était un bon garde, il aimait son travail. Il est curieux de constater que certaines personnes puissent aimer rester au même endroit des jours durant, seul et parfois sous la pluie. Mais Fauchevent aimait ça.
C'était un garde mais c'était aussi un poète. Ne sachant pas écrire, il composait et se remémorait ses oeuvre sans aucun support.
Seules quelques hypothétiques conquêtes avaient eu droit à leur récitation, mais cela n'avait jamais dépassé ce cadre.
Il se disait qu'un jour, il faudrait qu'il fasse noter tout ça.
Aujourd'hui il avait fait beau, le soir était calme et frais, Fauchevent alluma un petit brasier et s'appliqua à se réchauffer les mains.
Il était heureux en quelque sorte, on ne le dérangerait pas, et il pourrait profiter du soir et de son silence.